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Notes from a Computer Engineer


Review Post-Game : Xenoblade Chronicles

Note : pour se mettre dans l’ambiance, il est utile d’écouter cette musique durant la lecture de la chronique: The End Lies Ahead - Xenoblade Chronicles: Definitive Edition OST

Contexte

Ahhh, Xenoblade Chronicles. Cela faisait longtemps que je voulais lui donner une chance. Après tout, il est sans aucun doute l’un des RPG Japonais les plus emblématiques de sa génération. Quand il est sorti, j’avais 11 ans. J’avais bien une Wii, mais il faut dire que je ne voyais pas trop l’intérêt de ce jeu - qui à l’époque me semblait très laid, même pour les standards de la Wii.

Pourtant, quelques années plus tard, j’ai mis la main sur un certain Xenoblade Chronicles X. J’ai beaucoup apprécié la grandeur des décors de ce jeu, certaines de ses musiques, et son design. Le système de combat était plaisant, mais la quantité incroyable de paramètres sur lesquels on peut influer - d’autant plus lorsqu’on pilote un Mecha - a fini par me décourager. Difficile en effet lorsqu’on se fait écraser par un boss de déterminer si on est (a) mauvais, (b) de trop faible niveau ou (c) avec la mauvaise composition d’équipe/le mauvais équipement. C’était d’autant plus difficile pour moi que XCX était mon premier “vrai” JRPG (Pokemon mis à part). C’est finalement la quantité de grinding et de quêtes inutiles qui ont fini par me décourager, et je suis aujourd’hui bien incapable de me rappeler de ma progression à ce moment là. Rétrospectivement, je dirais tout de même que les environnements en monde ouvert étaient vraiment impressionnants, mais que les personnages étaient beaucoup moins intéressants. Le héros, en particulier, semblait être une grosse coquille vide1.

J’ai ensuite mis la main sur Xenoblade Chronicles 2. Si les premières heures ne m’ont pas passionné, l’envoi en réparation et donc la réinitialisation complète de ma console après une quinzaine d’heure de jeu m’ont fortement découragé, et je ne l’ai jamais repris. Le système de jeu semblait néanmoins assez intéressant, et les environnements ont l’air magnifiques. Il est possible que je me replonge finalement dedans dans les prochains mois2.

Et vint enfin Xenoblade Chronicles, premier du nom. En réalité, je l’ai testé avant XC2, sur émulateur. J’avais quelques heures de jeu sur cette version, j’étais arrivé jusqu’à la mine de la Colonie 6. Malgré des graphismes améliorés par un texture-pack HD et un émulateur 1080p, la jouabilité sur PC n’était pas parfaite. Premièrement, un contrôleur Switch Pro ou une manette PS4 ne peuvent pas remplacer efficacement les boutons d’une Wiimote. Xenoblade n’utilise pas vraiment les fonctionnalités de cette dernière, mais les contrôles étaient quand même peu agréables. Ensuite, l’interface graphique était affreuse. Je suis sans doute influencé par les tests de XC: Definitive Edition lorsque je dis cela, mais je le pense vraiment. Elle était très brouillonne et très peu pratique. C’est donc cela, et le fait que l’émulation ne soit pas la manière de jouer la plus pratique, qui m’a fait abandonner mes premières tentatives.

Jusqu’à ce jour où Nintendo annonça une Definitive Edition. Comme je suis un gros client, je l’ai évidemment pré-commandée. Il faut dire que la Fnac en Suisse avait fait une erreur sur le prix, et l’édition collector était au même prix que le jeu nu. Et puis, finalement, j’ai mis à profit quelques bonnes semaines de mes vacances d’été post pandémie pour enfin jouer à ce grand jeu.

Le Jeu

Il est difficile de savoir par quoi commencer lorsqu’on veut parler d’un jeu sur lequel on a investi près d’une centaine d’heures. Il était si bon que j’ai voulu explorer ses moindres recoins et secrets après l’avoir terminé, et que j’ai donc monté mes personnages au niveau maximum. Je songe d’ailleurs à le refaire en NewGame+ pour explorer certains passages que j’ai ignorés lors de ma première partie, en particulier ceux qui deviennent inaccessibles plus tard dans le jeu et que je ne peux donc plus explorer maintenant.

Commençons donc peut-être par le moins bon : les graphismes. J’aime énormément le style graphique de Xenoblade Chronicles: Definitive Edition. Il a clairement pris un bon coup de peinture depuis sa version Wii. Les environnements sont magnifiques, majestueux, époustouflants, grandioses. On se plait à se perdre dans des villages, des jungles, des montagnes, simplement pour observer le décor et profiter des musiques. Cependant, il est vrai qu’une console avec davantage de puissance graphique aurait sans doute pu nous livrer une version plus fine encore de ces graphismes, et certaines animations ont mal vieilli (elles sont un peu rigides). Cependant, rien de cela n’est gênant en jeu, et il reste un très beau JRPG.

Les quêtes annexes sont un second point négatif. Si certaines peuvent être très intéressantes, il s’agit souvent de simples quêtes de chasse (tuer des ennemis) ou de collecte (obtenir des objets). Les personnages n’étant pas tous présents en même temps dans une zone, il faut souvent revenir plusieurs fois pour obtenir toutes les quêtes d’une zone et faire progresser le sociogramme - ce qui sera utile pour obtenir d’autres quêtes, et parfois certains arts optionnels. Revenir sur ces éléments plus tard dans le jeu promet beaucoup d’allers et retours fréquents et un peu lassants. J’ai fini par adopter la meilleure stratégie: prendre toutes les quêtes au premier passage dans un village, et les remplir au fur et à mesure en explorant les alentours. En outre, certaines quêtes ainsi que la reconstruction de la colonie 6 demandent des objets qui sont dans des zones qui peuvent devenir inaccessibles plus tard dans le jeu. J’aurais donc du faire progresser la colonie 6 en même temps que j’avançais dans le jeu, pour ne pas oublier des objets qui m’étaient nécessaires, mais le backtracking constant pendant que l’histoire principale se déroule et qu’on est suspendus à la prochaîne révélation n’est pas très plaisant. Il existe d’autres moyens d’obtenir ces objets, mais ils sont plus aléatoires et d’autant plus frustrants quand on se dit qu’on aurait simplement pu y penser en visitant la zone.

Les quêtes annexes sont bien sûr nécessaires pour faire progresser le niveau des personnages, niveau qui joue un très grand rôle dans les combats. La barre de vie des ennemis est colorée selon la difficulté du combat : en général, un écart de plus de 5 niveaux implique une quasi impossibilité de toucher l’ennemi - l’inverse étant aussi vrai (5 niveaux d’avance sur un ennemi vous garantissent quasiment qu’il ne vous touchera pas). Ainsi, certains boss qui s’avèrent presque impossibles deviennent presque faciles après quelques heures de grinding pour rattraper quelques niveaux. En fin de jeu, il est relativement simple de venir à bout d’ennemis qui ont 2 à 3 niveaux de plus que nos personnages, ce qui permet bien sûr de gagner plus d’expérience. Certains endroits permettent de finalement progresser jusqu’au niveau maximum, le niveau 99, qui n’est absolument pas nécessaire pour finir l’aventure.

Sans spoiler, l’histoire vaut entièrement les 70 à 80h qu’il faudra donner au jeu pour en venir à bout. Elle est parfois si prenante qu’il est tentant de vouloir traverser des zones entières sans combattre. On arrive cependant ensuite devant un boss qui est bien trop fort pour nous, et il faut alors jouer au jeu pour progresser (quel scandale !). Cependant, les développeurs ont parfois utilisé quelques ficelles un peu trop grosses pour ralentir artificiellement la progression. À mon avis, on voit que les ficelles sont grosses quand la “quête surprise” ainsi générée n’est pas doublée - contrairement aux principales cinématiques. C’est par exemple le cas d’une quête dans le premier tiers du jeu où il faut aller récupérer 3 ou 4 orbes dans un marais pour activer l’ascenseur permettant accéder à la zone suivante. Le tout pour finalement devoir escalader la façade (parce que l’ascenseur ne fonctionne pas), et alors qu’un énorme foreshadowing mystérieux vient d’être annoncé dans la cinématique précédente. C’est assez frustrant. Mais c’est aussi un peu cela qui nous pousse à continuer à jouer, pour voir le bout du jeu. J’avais vraiment envie de voir le bout de ce jeu, non pas parce qu’il était ennuyeux, mais bien parce que l’histoire était prenante, et que les retournements de situation bien dosés la rendaient particulièrement passionnante à suivre.

L’univers est lui-même très bien développé. Plusieurs quêtes annexes nous poussent à garder la manette en main après avoir terminé le boss final pour en apprendre plus sur l’univers, notamment via les diverses ruines des géants et les trésors hayenthes. On peut également voir la carte évoluer au gré des évènements qui se produisent en jeu, et on peut également aider à la reconstruction de la colonie 6, entièrement détruite par les Mékon, ce qui lui redonne petit à petit vie (pour peu de ne pas avoir oublié de ramasser les objets dans les zones inaccessibles, comme indiqué plus haut).

Finalement, un grand jeu ne serait rien sans de bonnes musiques. J’écoute la BO de Xenoblade tous les jours3. Certains titres sont vraiment incroyables. Il y a les Gaur Plains, bien sûr, entrainantes, qui donnent envie de partir à l’aventure. Proche de la fin du jeu, The End Lies Ahead nous donne envie de franchir les derniers mètres qui nous séparent du boss (c’est le titre que j’ai mis en introduction). Mechanical Rythm, utilisée dans certains combats contre Mekon, est extrêmement énergique et me sert parfois de réveil. You Will Know Our Names, la musique des monstres uniques, est tout à fait appropriée aux difficiles combats qu’elle indique souvent. Bref, les musiques sont excellentes.

Epilogue : Future Connected

L’épilogue FC, aventure séparée incluse avec la Definitive Edition du jeu, n’est selon moi pas à la hauteur du reste, bien qu’elle soit un ajout plaisant dans le jeu. Après avoir grindé pour monter au niveau 100, le retour au niveau 60 m’a un peu frustré. L’histoire est sympathique mais sans plus. J’aurais aimé voir plus de personnages du cast, ou au moins avoir un peu d’avancement dans la relation entre les deux personnages principaux, mais ce n’est pas vraiment ce qui se produit. Et la musique des combats n’a aucun sens.

Ceci dit, c’est un ajout qui fait plaisir. L’unique continent explorable est assez vaste et varié et on retrouve également quelques quêtes secondaires qui permettent de découvrir un peu son background - pour les gens assez masochistes pour vouloir grinder sur une map aussi petite.

Bref, pas du tout indispensable, mais un petit ajout sympathique qu’on peut se faire une fois le premier bien terminé pour prolonger un peu l’expérience.

Conclusion

Si vous avez une Switch, 100 heures à tuer (un confinement numéro 3 ? :D), et que vous aimez un peu l’esthétique anime et/ou les RPG japonais, je pense que vous avez déjà joué à ce jeu.

Dans le cas contraire, jouez y !


  1. Si je me souviens bien, il n’était d’ailleurs pas doublé - contrairement aux habitudes de la série. ↩︎

  2. C’est chose faite depuis la rédaction initiale de cet article - j’ai beaucoup aimé le jeu, dont le système est à mon avis meilleur que le premier. ↩︎

  3. Note de transcription: ce n’est plus le cas lors de la transcription de cet article mais je l’écoute encore relativement souvent :D ↩︎